samedi 4 avril 2015

Les caves du vatican

Bonjour  à tous ,

Je reviens en force après de longs mois d'absence qui ont été riches en lectures ;)
Je vous parle aujourd'hui d'un auteur que j'ai longtemps hésité à intégrer dans la catégorie des "vétérans du grenier" tant il me parait contemporain. Et cet auteur, suspens, c'est Gide (lui-même).

Je me suis finallement décidée à en parler sur ce blog-ci tout d'abord parce-que l'oeuvre dont je vais vous parler date de 1914, soit avant l'Oulipo dont j'ai déjà parlé.
D'autre part, Gide fait partie de ces auteurs que j'ai découverts pendant mes études, et vers lesquels je ne me serait jamais tournée de mon propre chef... préjugés obligent.
Or si ce blog a la prétention de vouloir donner envie de lire ceux que l'on appelle les "classiques" de la littérature, il est surtout là pour débarasser lesdits classiques de tous les préjugés dont ils sont victimes à tort.

Sans transition, entrons dans le vif du sujet avec Les Caves du Vatican.
Publié en 1914, ce livre se défend d'être un roman. Gide le place dans la catégorie des soties (aux côtés du Prométhée mal enchainé et de Palludes), et affirme que son seul et unique roman est et sera toujours Les Faux monnayeurs. 
Une sotie, pour faire simple, ça ressemble à une bien grosse moquerie. Sérieusement, le genre est développé au Moyen-Age (XIV - XVe siècles), et est en fait une sorte de farce qui repose sur une critique bouffonne de l'actualité sociale et politique, jouée par des acteurs "fous". A l'echelle de Gide, la sotie est un ouvrage ironique qui met tellement bien en lumière le ridicule, que l'on frôle parfois le franchement grotesque.

En contexte pour Les Caves du Vatican, ça donne à peu près ça:

[ Il est en fait assez compliqué de faire un résumé de cette oeuvre. Chaque chapitre porte le nom d'un personnage en apparence n'ayant pas grand chose à voir avec l'intrigue principale et les autres personnages, alors qu'en fait tout est intimement lié... Pour la faire courte, tous ces personnages se regroupent autour d'une rumeur fomentée par un groupe de malfaiteurs réunis dans le livre sous le nom de mille-pattes: Le pape serait sequestré dans les caves du vatican, un faux-pape ayant pris sa place. Les mille pattes du mille-pattes profitent donc de la rumeur pour aller (en ayant pris soin de se  déguiser en moines, cardinaux etc...) faire du porte-à-porte et demander aux naïfs devots une contribution financière pour libérer le pape.
Au milieu de tout ça, un personnage se détache: Lafcadio Wluiki (prononcez Louiki ;)). Ce personnage central du roman se caractérise par la liberté absolue dont il a fait son leit motiv au point de commettre un acte tant ignoble que gratuit. L'acte purement désintéressé éxiste-t-il?... vaste question. ]

Je pense que je ne vais absolument rien dire dans cet article, simplement parce que je crois que Gide illustre assez bien l'expression "il faut le voir pour le croire"...
En fait, le style, l'histoire ou les enjeux du livre... rien de tout cela n'est vraiment exprimable dans un article.
Je sais, après de nombreuses discussions gidiennes avec mes camarades, que le bonhomme ne fait pas l'unanimité.
Je suis là pour vous donner envie de lire, mais pas pour vous mentir... il faut aimer.
En ce qui me concerne, j'ai été très surprise du style de l'auteur que j'ai tout simplement adoré, ainsi que les thèmes qu'il aborde qui me semblent très actuels.
J'ai tellement aimé que je me suis farci quelques unes de ses autres oeuvres.
J'ai également adoré la pointe d'humour un peu piquante mais très légère qui caractérise ses soties.

Alors certes, ça ne peut pas plaire à tout le monde, mais je ne peux que vous conseiller d'essayer... vous pourriez, comme moi, être très surpris!
Pour les timides, je peux conseiller de commencer par le Promethée mal enchainé... tout aussi délicieux et beaucoup plus court.

Ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne lecture!

samedi 20 septembre 2014

Exercices de style...

Bonjour à tous! 

Je reviens ici après une longue (looooongue) période d'absence, les petits nouveaux semblant entrer petit à petit en concurrence féroce avec nos pauvres vétérans du grenier.
Pas de panique, on n'a encore pas fini de parler classiques, c'est promis!


Je suis donc de retour avec une oeuvre dont je voulais vous parler depuis très longtemps, je prend ENFIN le temps de le faire. 

On va se plonger pendant un court instant dans l'univers de l'OULIPO. Ce terme vous dit quelque chose? Si non, on va tenter de remettre un peu les pendules à l'heure si vous le voulez bien. 
Alors l'OULIPO c'est l'OUvroir de LIttérature POtentielle. 
NB: Ce n'est PAS un courant littéraire. 

On date l'officialisation du groupe aux alentours de novembre 1960. Il est fondé par François le Lionnais et Raymond Queneau. Voilà pour une contextualisation brève. Passons au but, aux objectifs de ce groupe atypique. Composé d'écrivains, mais aussi de mathématiciens, L'OULIPO se propose de travailler sur la littérature. La retourner dans tous les sens, travailler les mots, le style, examiner, décortiquer, regarder sous tous les angles cette littérature trop vague. Regarder sous tous les angles, c'est-à-dire même l'angle le plus scientifique, technique. 
Les oulipiens se définissent eux-même comme des "rats qui construisent eux-même le labyrinthe dont ils se proposent de sortir". 
Pour expliquer de manière simple, le principe est d'écrire sous la contrainte. Toutes les incitations sont bonnes à prendre. Le but, dépasser ces contraintes, et les utiliser non pas comme barrière, mais comme moteur pour libérer toutes les possibilités de la littérature. 

Si c'est encore un peu flou, je vais simplement vous parler du livre qui fait l'objet de cet article comme cela était prévu, et tout deviendra limpide. Nul doute qu'après cela, vous deviendrez oulipien à votre tour et dévorerez avec délectation ces exercices littéraires, et pourquoi pas vous essayer vous-même à l'exercice de l'écriture sous la contrainte (mais jamais contraignante!) 


Les Exercices de Style sont les résultats d'une expérimentation de Raymond Queneau lui-même.

Le livre paraît en 1947 et raconte... 99 fois de suite la même histoire, racontée de 99 manières différentes: J'opte ici pour la 100e version, la mienne sans prétention et sans contrainte pour ne pas gâcher votre surprise à la vue du talent de Queneau ;)

[Le narrateur monte dans un bus. Il y repère un homme au long cou, coiffé d'un chapeau mou orné d'une tresse. Ledit personnage au long cou semble échanger des mots assez virulents avec un autre passager, puis se dirige vers une place libre pour s'y asseoir. Un peu plus tard, le même narrateur recroise le même homme au même long cou qui s'entretient cette fois avec un ami qui lui conseille de remonter le bouton de son pardessus. ]

Je sais ce que vous pensez arrivés là: rien de palpitant, cette histoire a l'air d'être d'un ennui phénoménal. Peu importe, ce n'est pas l'histoire qui compte. On ne parle effectivement pas ici de Littérature, mais de Littérature Potentielle. Le but n'est pas de ravir le lecteur d'une bien chouette histoire comme on en voit partout. Le but est de malmener cette histoire et de montrer au lecteur comment, en changeant la façon de raconter, un même épisode totalement inintéressant peu changer, s'étoffer au fil des versions, gagner en mystère etc...

Queneau va donc raconter 99 fois cette même histoire, mais sous des contraintes différentes à chaque fois. Contraintes parmi lesquelles:

- Une écriture onirique qui plonge le lecteur, non pas dans une scène réelle mais dans son équivalent chez Morphée,

- Une version seulement faite d'onomatopées

Et bien d'autres dont la version "moi je", l'interrogatoire, les métaphores, les litotes, la lettre officielle, les anagrammes etc... 

Je conseille ce grand classique qui se lit très facilement, grâce à la brièveté de l'histoire. On n'est pas obligé de le lire d'une traite comme un roman et c'est tout l’intérêt. Libre à nous de piocher un exercice au hasard pendant une pause, un trajet de bus (histoire de se mettre dans l'ambiance). 
On peut même pourquoi pas s'essayer aux exercices qui nous inspirent sur une histoire de notre création ou pré-existante. 
Pour une fois qu'il est facile de briller dans les salons avec un grand classique qui se veut savant! ;)
On n'a même pas forcément besoin de lire la totalité des histoires pour se faire une idée du livre, même si je trouve que l'on se prend assez vite au jeu, et les 99 histoires passent assez vite si on ne les lit pas toutes à la fois ( gare à l'overdose de mec au chapeau mou dans le bus... c'est court et ça prend vite la tête.. faire gaffe aux insomnies POtentielles dues à la répétition éternelle du même refrain ;) )

Voilà.... que dire de plus à part... A vos exercices!!! 
Je prend soin de vous, je mâche le travail pour mes lecteurs alors.... pas d'excuse!!! 

mardi 27 mai 2014

Le chef d'oeuvre inconnu

Aujourd'hui, titre bien peu original... quoiqu'il ne vous évoque peut-être pas grand chose.
Je vais m'attaquer aujourd'hui à un sujet épineux... Balzac!
Alors Balzac est la cible de quantité de préjugés et est bien souvent.. peu apprécié.
C'est à moi que revient la mission de vous faire changer d'avis à son égard, et j'en suis....honorée!
(Honoré(e)... de Balzac.... la blague... t'as compris?) 

Enfin bref... blague à part, j'en ai entendu de toutes les couleurs sur Balzac et j'avoue avoir été moi-même réticente. C'est exactement pour cette raison que j'ai choisi Le chef d'oeuvre inconnu pour commencer, encouragée par le petit nombre de pages, et je doit dire que je n'ai pas été déçue!
Pour resituer un peu le contexte, Le chef d'oeuvre inconnu a été publié plusieurs fois sous différents noms, ce qui explique peut-être que le livre ait été un peu perdu et ne soit plus vraiment connu.... un "chef d'oeuvre inconnu" quoi...
Je vais peut-être arrêter les "blagues" ici, bien qu'il semble que Balzac m'inspire... surprenant.
Le livre a donc été publié pour la première fois en 1831 dans le journal L'artiste avec pour titre Maître Frenhofer, puis le titre est changé pour Catherine Lescault, conte fantastique. Il paraît une nouvelle fois en 1837, pour être intégré à La Comédie Humaine en 1846.
Moi qui adore les romans sur l'art et la musique, l'histoire m'a sans doute un peu aidé à apprécier le livre alors je ne vais pas attendre pour vous la résumer.

[Nicolas Poussin (oui oui... le peintre) encore inconnu, se rend dans l'atelier du peintre Probus, accompagné du maître Frenhofer, qui ne manque pas de faire ses commentaires sur le tableau que vient de terminer Porbus, incomplet selon lui. Le vieux maître s'empare d'un pinceau et en seulement quelques coups, il métamorphose le tableau, dont le sujet La Marie Égyptienne, semble prendre vie tout à coup. Ce maître Frenhofer, qui semble avoir une technique imparable, se heurte cependant à un problème, depuis dix ans qu'il tente de terminer un tableau sans jamais réussir à atteindre la perfection qu'il souhaite. Il lui manque un modèle féminin réel qui lui inspire cette perfection. 
Poussin lui propose alors la femme qu'il aime, Gillette, comme modèle. Grâce à la jeune femme, Frenhofer parvient à terminer son tableau en quelques minutes et est donc prêt à le dévoiler au public. Il convie alors Poussin et Porbus à découvrir cette oeuvre, fruit de dix ans de travail et de perfectionnement... cette découverte sera pour le moins... inattendue...et la déception des deux artistes proportionnelle à cet étonnement. Cette réaction aura un impact tragique sur le vieux maître.]

Voilà pour l'histoire. Comme Tous les matins du monde, Le chef d'oeuvre inconnu est une réflexion sur l'art très intéressante, et je pense que la véritable question qui se pose ici est: qu'est ce que l'art? Je trouve que cette question est plutôt actuelle. En effet, à chaque fois que je me rend dans un musée, il me vient aux oreilles des remarques comme "pfff c'est quoi ça?" "c'est pas le l'art!" "moi aussi je sais faire ça!", surtout en ce qui concerne l'art contemporain. 
Ce livre propose  justement une réflexion sur le jugement artistique, sur ce "petit rien" qui change tout... mais qui échappe bien souvent au public... comme la botte secrète de l'artiste. 

Maintenant que vous avez une idée plus ou moins précise du livre et de ses enjeux, nous pouvons parler de l'écriture. 
C'est un livre très très court... donc sans doute pas mal si vous souhaiter commencer... en douceur avec Balzac dont le nom évoque bien souvent: 
  • ennui
  • longueur
  • descriptions
  • pas intéressant! 
Je suis ravie de vous annoncer que le chef d'oeuvre inconnu ne correspond pas à ces préjugés. 
Il est encore une fois très court (on peut le lire en 45min... 1heure si vous lisez lentement) et donc pas ennuyant. Si le sujet de l'art vous intéresse de toute évidence le dernier terme de la liste n'y trouve pas sa place non plus. Par contre, il s'agit d'art pictural, il est donc évident qu'on y trouve des descriptions; cependant, les passages descriptifs nous donnent à voir les œuvres des artistes et nous permettent donc de rentrer dans l'histoire plus que de nous en éloigner. Au delà de ça, ces descriptions m'ont parues bien moins ennuyeuses que certaines chez Zola. 

En résumé, c'est un livre très léger, facile à lire... même si vous n'êtes pas des grands experts en art pictural. Le vocabulaire est très accessible... très compréhensible mais on apprend quand même des choses!
A lire dans le bus... dans la salle d'attente ou..... maintenant  ;) 

Bonne lecture!

lundi 28 avril 2014

Pour les cinéphiles

Aujourd'hui, je reviens avec une oeuvre un peu spéciale... 
Il ne s'agit pas d'un livre, mais d'un film que j'ai vu récemment mais qui reste étroitement lié à la littérature. 
En fait, le film est une adaptation d'une pièce de théâtre du dramaturge espagnol Juan Mayorga, Le garçon du dernier rang.
Je n'ai vu que l'adaptation au cinéma qui a l'air d'être très fidèle à l'oeuvre originale (même scénario, mêmes personnages,  même schéma narratif...)
Le film s'appelle donc Dans la maison. C'est un film français, réalisé par François Ozon et sorti en salles en octobre 2012. Sans plus attendre, je passe au synopsis:
[Germain, professeur de littérature au lycée se désespère devant le peu de talent et de motivation de ses élèves. Il passe son premier week end de l'année scolaire à corriger des rédactions: "racontez votre week end". Parmi toutes les copies médiocres, celle de Claude retient l'attention du professeur. Cet élève du dernier rang rempli deux pages sur le week end qu'il semble avoir passé chez son ami Rapha. Claude décrit tout dans les moindres détails avec un style bien particulier qui n'est pas sans [me] rappeler celui de Flaubert ou Zola. Germain encourage donc son élève à écrire encore sur "la famille Rapha". 
Claude continue donc de fréquenter la famille, et de s’immiscer de plus en plus dans leur intimité au nom du réalisme littéraire. La littérature, l'écriture vont devenir prétextes aux désirs voyeuristes et pervers de Claude.]
ci dessus, un aperçu de la pièce originale, avec l'avis du metteur-en-scène Jorge Lavelli

Encore une fois, je vous en parle, donc j'ai aimé. Le film peu paraître un peu "plat" parce qu'il n'y a jamais vraiment de gros pic d'action, mais il tient en haleine, et l'on finit par vraiment s'"identifier" aux personnages de Claude et Germain. Effectivement, même si comme je l'ai dit il ne se passe rien de vraiment fou au niveau de l'action, on fini par devenir voyeurs à notre tour, et le désir pervers de Claude se transmet au public. La question que je me suis posée pendant tout le film : jusqu'où va-t-il aller?
J'ai eu l'impression d'être dans la maison avec lui, d'être moi-même l'auteur des textes et donc... d'être le voyeur. Je trouve que le film illustre assez bien la question des limites de la littérature: jusqu'où peut-on aller sous prétexte que l'on fait de l'art? La galerie d'art de Jeanne, la femme de Germain pose aussi cette question avec son exposition "la dictature du sexe". Aussi, vient un moment où l'on ne sait plus vraiment différencier le réel de la fiction, qui sont toujours interdépendants dans le film.On ne sait plus ce que Claude imagine, ce qu'il voit vraiment, ce qu'il fantasme...
Une belle réflexion sur la littérature réaliste selon moi, toujours avec cette question qui mérite débat: l'art, la littérature, les artistes peuvent-ils tout se permettre??
  • libre à vous de donner votre avis sur la question! ;) 

samedi 5 avril 2014

Le jardin des Supplices




"Aux prêtres, Aux soldats, Aux juges,
Aux hommes
qui éduquent, dirigent, gouvernent les hommes,
je dédie
ces pages de Meurtre et de Sang."


C'est de cette façon qu'Octave Mirbeau dédicace le livre dont je vais vous parler maintenant.


Il ne s'agit pas d'un livre gai c'est le moins qu'on puisse dire, et il est sans doute préférable que les âmes sensibles s'abstiennent de le lire. 
C'est une oeuvre excessivement pessimiste, mais étrangement poétique dans toute son horreur.
Le livre dont je vais donc vous parler s'intitule Le jardin des Supplices , que l'on date de 1899 (date de parution).
Alors pour ceux qui aiment bien critiquer un peu tout ou qui sont juste très pessimistes, la lecture peut être sympa. Pour les autres... un peu moins sans doute. 
Avant de parler d'horreurs, il convient de mentionner les cibles du livre. Les personnes visées sont très clairement énoncées dans la dédicace du livre que j'ai retranscrite ci-dessus, et sont achevées au fil du roman. 
Alors il y en a pour tout le monde, personne n'est épargné, surtout dans la seconde partie du roman : Très largement satirique, le livre s'en prend:
    • Aux commerçants: voleurs et "arnaqueurs" 
    • Aux politiciens: démagogues et malhonnêtes
    • A la "justice": qui se met au service de la malhonnêteté et protège les mécréants
    • Au milieu mondain
    • Aux scientifiques
    • A la cruauté des hommes
    • Et à la colonisation! 
Si vous retrouvez dans cette liste des sujets qu'il vous plaît de critiquer, alors vous serez ravis de trouver dans ce livre un auteur d'accord avec vous!


[Le roman est un regroupement de trois textes écrits indépendamment les uns et des autres et à des époques différentes; du coup, on y trouve des univers très différents mais qui se complètent plutôt bien selon moi. 
Le livre se divise donc en trois parties: Le frontispice, En mission et Le jardin des supplices. 

     1.Frontispice 

Il s'agit d'une discussion entre amis. Après un dîner, un groupe d'amis intellectuels "optimistes" converse autour de la table. Il est question de la "loi du meurtre" et laisse présager la suite du livre

      2. En Mission

On découvre un personnage narrateur anonyme (que nous appellerons X pour des raisons pratiques), vecteur d'une caricature des milieux politiques de la IIIe République. Fils de commerçants escrocs selon qui le bon commerce consiste à "mettre les gens dedans", il se retrouve à la rue à la mort de son père. Il décide alors de se tourner vers un camarade d'enfance devenu ministre haut placé, Eugène Mortain. En possession d'anecdotes compromettantes pour la carrière politique de Mortain, X fait du chantage à ce dernier qui se trouve donc obligé de le traîner à sa suite dans les campagnes politiques ("ces milieux corrompus").  Cette 'alliance' avec le ministre donne lieu à une longue satire du milieu politique français qui prête à sourire. 
Pour la faire courte, Mortain souhaite se débarrasser de X qui lui fait de l'ombre pour sa carrière et enchaîne les faux-pas. Il lui propose donc un poste "d'exception" à Ceylan, où il devra mener des recherches scientifiques en tant qu'embryologiste. X, bien qu'hésitant accepte la mission qui lui est confiée.

S'en suit un récit de voyage où l'on retrouve X sur le bateau à destination de Ceylan. C'est selon moi sur ce bateau qu'à lieu le retournement de situation du récit, puisque c'est là qu'il rencontre l'amour en Miss Clara, une jeune anglaise résidente en Chine. J'ai trouvé dans ce passage une alliance intéressante de l'amour et de l'horreur qui persistera jusqu'à la fin du roman. En effet, X tombe amoureux de Miss Clara sur le bateau lors de la traversée de la mer Rouge, alors que la chaleur est insupportable et que le bateau semble s'être transformé en un Enfer indescriptible. C'est à ce moment précis je pense que l'auteur  a choisi d'associer le lyrisme, l'amour et la souffrance, ce qui semble alors présager de la suite du roman. Il tombe éperdument amoureux de Clara, et se décide, alors qu'il aperçoit la côte de Ceylan, de poursuivre le voyage et de partir avec elle vers la Chine. 

      3. Le jardin des Supplices

Après une ellipse, on retrouve les deux amoureux en Chine, et c'est à partir de ce moment là que le livre tourne au cauchemar. C'est précisément à cette dernière partie que les âmes sensibles peuvent fermer le livre. On découvre alors le vrai visage de Clara, lorsqu'elle insiste auprès de son cher et tendre pour aller "donner à manger aux forçats chinois". Elle l'emmène donc au jardin des supplices où toutes les pires tortures sont infligées à des innocents (Je vous laisserai feuilleter le livre ou parcourir les images en fin d'article si le détail de ces pratiques vous intéresse). Le lecteur fait alors la connaissance d'une Clara plus que perverse, sadique et hystérique qui atteint "la petite mort" en s'infligeant le spectacle de la torture des autres. C'est la partie du livre la plus difficile à soutenir puisqu'elle mêle érotisme et horreur sans jamais laisser de répit au lecteur. 
Je n'en dit pas plus... pour ne pas gâcher le suspens ;)]

Je ne vais rien vous cacher, on se sent parfois extrêmement mal-à-l'aise à la lecture du livre, mais c'est précisément le but recherché par Mirbeau. C'est un livre qui dérange bien sûr...extrêmement malsain dans tous les sujets qu'il traite, mais qui prête à réfléchir sur la cruauté dont l'homme est encore capable de faire preuve aujourd'hui.
J'ai trouvé très étonnante la façon dont Octave Mirbeau "casse" les accès d'horreur avec certaines parenthèses lyriques magnifiques... toujours dans l'alliance des extrêmes. 

Si vous aimez qu'un livre vous dérange, 
Si vous aimez qu'un livre vous donne mal au ventre
Si vous aimez qu'un livre montre ce qu'il ne faut pas montrer, et parle de ce dont il ne faut pas parler, 
Si vous aimez vous faire du mal (pour les sensibles), 
Si vous aimez qu'un livre soit une épreuve,
Vous aimerez Le Jardin des Supplices. 

Malgré le sujet un peu "hardcore", c'est un bouquin qui se lit vraiment facilement, pas difficile à comprendre. Il n'y a pas de "chichis" dans l'écriture et je trouve personnellement que le style est plutôt oral et donc devrait être accessible à un grand nombre de personne. Par contre, ce style "facile" est choisit par l'auteur sans doute pour enlever la barrière de la compréhension et laisser plus de place au malaise: logique, les scènes de torture sont elles aussi très explicites et faciles à comprendre. Donc facile à déchiffrer ne veut pas nécessairement dire facile à lire...



Voilà pour mon avis! Et si ça vous intéresse, je vous redirige vers un autre bouquin, beaucoup plus court et beaucoup moins dur je pense: Il s'agit de la nouvelle de Kafka A la colonie pénitentiaire , inspirée du Jardin des Supplices: un jeune étudiant en droit visite une colonie pénitentiaire aux pratiques un peu extrêmes. 
C'est la nouvelle de Kafka qui m'a d'ailleurs fait découvrir Le jardin des Supplices. J'ai préféré le livre d'Octave Mirbeau, sans doute parce que j'aime me faire du mal... hahaha!
Plus sérieusement, j'ai aimé le fait que certains passages du livre soient presque insoutenables à lire...j'ai eu l'impression d'un livre "épreuve" et ça m'a plu car j'aime qu'un livre ne nous laisse pas insensibles. 
Le style de Kafka est à mon sens plus "travaillé" ou en tout cas moins oral donc peut être moins accessible.. 
Vous l'aurez compris (et promis je m'arrête bientôt), c'est un oeuvre magnifique et très complète en ce qu'elle rassemble des univers très différents. On peut avoir l'impression d'une oeuvre hétérogène, mais les parties s'articulent bien entre elles et cette hétérogénéité permet de faire ressentir au lecteur tout un tas d'émotions différentes... En espérant avoir attisé votre curiosité... A bientôt ;) 

Supplice de la caresse

samedi 15 mars 2014

"Parce que le rire est le propre de l'homme"?

Pour continuer dans la légèreté avant un prochain article de nouveau un peu glauque, je vous propose aujourd'hui de vous pencher sur une époque bien peu connue et pourtant Ô combien fondamentale en littérature! 
Il s'agira ici davantage de vétérans... de caves (très profondes les caves). Ces œuvres au nombre de deux auront peut-être une pellicule de poussière plus épaisse sur leur couverture que les livres précédents, mais elles n'en sont pas moins intéressantes! 
Alors là je sais... vous n'en pouvez plus d'attendre, le suspens est absolument intolérable n'est-ce pas? 
Puisque j'entends d'ici la clameur des foules qui trépignent d'impatience, il est temps d'entrer dans le vif du sujet. J'active mon télé-transporteur (parce qu'on est quand même au XXIe siècle sans blague!!!)

Et BOUM! nous voilà..... au Moyen-âge! Oui je sais... c'est absolument incroyable tellement c'est génial ce truc! 
Et comme c'est drôlement pratique de ne pas s'embêter avec des noms, je vous propose deux farces... anonymes! 


La première, La farce de maître Pathelin est sans doute la plus connue des deux. D'un auteur anonyme, elle est datée de la deuxième moitié du XVe siècle... on se situe donc à l'extrême fin du Moyen-Age. Cette pièce a sa place parmi celles que j'appelle les "vétérans du grenier" puisqu'elle est souvent considérée comme l'une des premières, sinon la première pièce comique de la littérature française. 
Mais passons sans plus tarder à l'histoire:
[Pathelin est avocat et pas très honnête en son genre. Il a un besoin de tissu pressant, seul problème: il est fauché. Il s'arrange donc avec d'un marchand tout aussi malhonnête (bien que moins rusé) qui accepte de lui faire crédit. Pathelin repart donc chez lui avec son tissu et la ferme intention de ne jamais rembourser le marchand. Lorsque ce dernier frappe à sa porte, déterminé, Pathelin feint, appuyé par sa femme, d'être devenu complètement fou (le passage de plus hilarant de la pièce, selon moi). La pièce vous vous en doutez....se termine en procès au tribunal.]

La deuxième s'intitule La farce du cuvier. C'est une oeuvre peut-être moins "fondatrice", mais je tenais à en parler dans ce même article puisqu'il s'agit également d'une farce anonyme de la fin du XVe siècle, mais surtout parce qu'elle m'a simplement fait mourir de rire! Cette farce là plaira -ou pas- aux féministes et ferra sans doute rire ceux qui -comme moi- ont le rire facile.... et un humour pas très subtil.
[Jacquinot, jeune marié se trouve bien malmené par sa femme et la mère de cette dernière. Les deux femmes ne lui laissent pas une seconde de répit, convaincues qu'il devrait effectuer toutes les tâches du ménage. Aussi la pièce s'ouvre sur un Jacquinot harcelé par deux femmes qui lui en demandent toujours plus. Elles lui suggèrent d'écrire sur un papier toutes les corvées qu'il doit accomplir. Mais la dictée des deux femmes est si longue et si rapide que le jeune époux n'arrive pas à suivre le rythme. Il décide alors de reprendre les rênes, et joue de la situation en décidant donc de ne plus faire que ce qui est inscrit sur son rôlet. Bientôt, un heureux hasard vient à son secours. En étendant la lessive avec lui, sa femme tombe dans le cuvier et s'y trouve coincée. Jacquinot refuse de l'aider, puisque la sortir de là ne fait pas partie de la loooooonnngue liste de tâches inscrite sur son rôlet. Conclusion générale de la pièce: il faut laisse à l'homme le rôle de chef du ménage.] C'est une farce misogyne qui s'inscrit plutôt bien dans l'esprit du Moyen-âge.


Le décors des deux pièces est donc planté. En ce qui concerne mon avis, rien de surprenant... j'ai adoré!
Les deux pièces étant écrites à l'origine en francien, je les aie lues en traduction. J'ai jeté un bref coup d’œil aux textes en langue originale avant d'écrire cet article, et il me semble que la traduction est une bonne alternative. Effectivement j'ai cru comprendre que les textes originaux mêlaient du francien et des dialectes picards... langues que tout le monde ne parle pas vous en conviendrez. Aussi, pour avoir lu la traduction... il ne fait aucun doute que le comique est très bien rendu en français moderne!
Ce sont des pièce excessivement courtes, il n'y a donc pas, à l'inverse de l'Assommoir le problème du temps ou de la motivation puisque vous pouvez facilement lire ça pendant un court trajet de bus ou dans la salle d'attente du médecin, surtout la farce du cuvier qui est la plus courte des deux. 
Comme je l'ai déjà évoqué plus haut, ce n'est pas un humour très subtil j'en convient et le langage y est franchement familier (surtout pour le cuvier)... mais au moins c'est vraiment très accessible, et... on peut avouer entre nous que l'humour gras des fois ben... ça nous fait quand même marrer. 
On va pas se plaindre! Pour une fois que des classiques de littérature ne sont pas pédants! Et puis on n'a pas tous les jours l'occasion de briller dans les salons avec des œuvres qui nous ont fait vraiment rire.
Tout ça pour dire que qui dit littérature ne dit pas forcément phrases alambiquées, discours pompeux, et livres ennuyants et longs! 
Alors je recommande ces deux farces... ben à tout le monde en fait! 
A ceux qui ont envie de rire franchement, ceux qui comme moi en ont marre de devoir faire semblant d'aimer et comprendre des livres difficiles pour paraître intelligents (parce que c'est pas parce que toi tu lis des livres que personne comprend que t'es plus intelligent ), ceux qui ont envie de se mettre à lire mais qui ne savent pas par où commencer, ceux qui s'ennuient dans le bus ou aux toilettes et surtout... tous ceux qui liront cet article!

Et pour les amateurs du numérique, je fais des efforts ;)
La farce de maître Pathelin en texte intégral ici

samedi 22 février 2014

Retour en musique

Aujourd'hui je suis de retour et reprends un thème qui me tient à cœur: la musique!
Et j'ai fait un effort pour la période, histoire de viser large! ;)

Il y a de ça à peu près une semaine, Clovis Cornillac était l'invité du journal télévisé de 20h. Il était là pour faire la promotion de la nouvelle pièce qu'il joue sur la scène du théâtre de Paris en ce moment. Je ne suis pas là pour faire la promotion de son spectacle, bien que je pense que c'est une performance à voir (à laquelle je n'aurai pas la chance d'assister).

La pièce en question s'intitule La Contrebasse, pièce écrite par Patrick Süskind datée de 1981... donc pas si vieux que ça!
Vous connaissez peut-être déjà Süskind pour son livre Le parfum, souvent étudié au lycée, mais je crois que l'on a trop souvent tendance à ne connaitre certains auteurs que pour une seule oeuvre. Cependant, écrire reste un métier, et ces auteurs ont plus d'un livre dans leur sac!

Alors moi, et bien  j'ai lu La Contrebasse, et je pense sincèrement que cette pièce mérite des éloges!
Il s'agit donc d'un pièce de théâtre qui, en plus d'être très drôle, est une merveille de poésie très bien écrite.
J'ai fait un mini-sondage pour savoir comment se caractérise, selon "vous", une pièce de théâtre.
Voici les réponses que j'ai récoltées:

  • C'est drôle,
  • Plusieurs personnages se parlent,
  • C'est plus facile/agréable à lire qu'un roman 

Alors en ce qui concerne La Contrebasse, cette analyse semble plutôt appropriée, à l'exception du second point.
J'entends déjà les exclamations de surprise ou les cris indignés^^
Et bien La Contrebasse a ceci de spécial qu'elle n'est qu'un grand monologue. Seulement deux personnages sur scène, et un seul s'exprime: Le contrebassiste, accompagné de son instrument.
C'est cette spécificité qui m'a donné envie de vous parler de cette pièce que j'ai dévorée!

[Pour parler de l'histoire, le personnage est contrebassiste, on ne connait pas son nom. 
En fait, la pièce entière n'est qu'un long monologue de ce personnage, qui parle de son instrument et de la relation qu'il entretient avec ce dernier. 
Au début, musicien passionné, il fait l'éloge de son instrument en soulignant le rôle prédominant que joue la contrebasse dans un orchestre...mais au fil de la pièce, le musicien laisse place à un personnage complètement névrosé, anéanti par sa contrebasse qui lui vole la vedette et qu'au fond de lui.... il déteste. ]
Je n'en dit pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir ;)

C'est une pièce assez courte, et heureusement pour le comédien! Ce n'est qu'un grand monologue, et c'est en ceci qu'il s'agit selon moi d'une prouesse technique tant pour l'auteur que pour le comédien qui donne vie à la pièce. 
Si vous n'avez -comme moi- pas la chance de pouvoir voir cette pièce en représentation, ne vous gênez pas pour lire le livre qui est un vrai régal, et très accessible! 
Je ne sais pas ce que Clovis Cornillac a fait de la pièce, mais si vous passez par Paris, c'est peut-être une occasion de découvrir Süskind joué sur scène! 

Je ne suis pas payée pour faire de la pub, mais pour les intéressés éventuels, vous pouvez trouver les infos (billetterie, dates, réductions etc...) concernant le spectacle de Clovis Cornillac ici.



Partagez vos avis! ;)



samedi 15 février 2014

Assommant !

J'ai pu constater que je ne vous parle pour l'instant que du XVIIe siècle. Ne pensez pas que les "vétérans du grenier" n'appartiennent qu'à cette période! Bien au contraire!

Alors aujourd'hui, j'ai décidé de faire un bon dans le temps, et nous voilà trois siècles plus tard, au XIXe...
Et c'est là que je vais vous parler de celui que tout le monde connait, mais que personne n'a jamais le courage de lire vraiment....... ZOLA!

J'ai eu la grande chance d'être "obligée" de lire l'Assommoir... je suis sûre que ça vous dit quelque-chose...
Je pense que c'est probablement l'un des livres que personne ne lit, simplement par crainte... moi la première.
Pour commencer, il faut avouer que le titre n'est pas des plus engageants, et que les 500 pages qui se cachent derrière confirment souvent cette réticence.
Et bien moi, j'ai fait le "crash test" pour vous ... et figurez-vous que j'y ai pris goût.. oui oui!

Bon pour être honnête, l'Assommoir c'est franchement glauque, et je vous déconseille de le lire pour l'instant si vous êtes du genre à avoir des pulsions suicidaires par exemple.
Moi, comme la curiosité malsaine m'habite, et bien j'ai  A-DO-RÉ!
500 pages obligent, il faut avoir un peu de temps devant soit, mais ça passe plutôt bien, puisque même moi qui n'aime pas lire, j'ai réussi à le finir en un temps raisonnable.
On va peut-être passer à ce qui vous intéresse: l'histoire.



[L'Assommoir, c'est un roman qui s'inscrit dans la série des Rougon-Macquard. Parce que Zola voyez-vous, je ne sais pas s'il manquait d'inspiration, ou s'il s'est simplement pris au jeu, mais il a tout simplement décidé d'écrire une série dont chaque livre parlerai d'un membre différent d'une même famille.
L'Assommoir, publié en 1877 est le 7e volume de la série, et met en scène Gervaise Macquard.
Alors Gervaise, elle n'a pas une vie facile pour le coup.
Elle a eu deux enfants, Claude et Etienne avec son amant Auguste Lantier qui les a tous les trois abandonné.
Elle, est blanchisseuse et rêve d'ouvrir sa propre boutique. En fait, elle nourrit à peu près 1 demie tonne de rêves. Elle se remarie un peu plus tard avec un ouvrier zingueur, Coupeau, qui n'est pas dans le genre romantique. Malgré des débuts difficiles, elle parvient à réaliser son rêve et ouvre sa blanchisserie. Après de nombreux obstacles elle arrive enfin au bonheur et à la prospérité. Son commerce fonctionne bien, les affaires marchent, et elle est comblée par la naissance de sa fille Nana (à qui Zola dédiera un autre volume de la série). Pour célébrer sa réussite, elle organise un grand repas, l'occasion pour elle de se vanter de ses moyens auprès de ses rivales et y invite même un sans-abris.
Vous l'aurez deviné, le bonheur sera de courte durée. Coupeau a un accident du travail: une chute de toit.
Suite à cet accident, il devient alcoolique sévère allant même jusqu'à la crise de delirium tremens. Pour Gervaise, la décadence commence. Elle doit fermer boutique et refuse l'aide de son ami Goujet qui lui fait la cour. Elle se met à boire aussi sans tout de même en arriver au stade de son mari.
Elle se retrouve seule, contrainte à se prostituer, perd son logement et est retrouvée à la fin du livre alors qu'elle gît morte depuis des jours.]

Je suis sûre que vous avez le moral maintenant hein? Ça a l'air glauque comme ça, et sans mentir, ça l'est.
Mais pour ceux qui aiment les histoires un peu malsaines, ne vous laissez pas décourager par les longues descriptions ou le nombre de pages. Zola n'écrit pas n'importe quoi sans s'être renseigné avant, principe du naturalisme. De ce fait, tout est vraiment très réaliste et très bien (d)écrit, d'où le fait que ce soit franchement pesant à certains moments.
Mais encore une fois, je n'aime pas lire, et je l'ai terminé en peu de temps.
Et si ce livre vous a plu, ou simplement l'article mais que vous n'avez pas le courage de le lire, vous pouvez également vous tourner vers Nana, un autre livre de la série, qui comme vous l'aurez compris, a pour personnage principal la fille de Gervaise, très coquette qui a quitté le nid tôt pour... se prostituer.
Je ne l'ai pas encore lu, mais il est sur ma liste. Ne vous gênez pas si vous n'avez pas la patience d'attendre un article!

Et pour les geek de ce monde... ou les fauchés comme moi, vous pouvez trouver le texte intégral de l'Assommoir ici
Bonne lecture!







jeudi 13 février 2014

actu, littérature et scandale #1


pouvoir et drames sentimentaux  
François Hollande
XXIe
Louis XIV
XVIIe







VS














Je ne m’intéresse pas à la politique.
Je m’intéresse à la littérature, et aux anecdotes croustillantes dont, avouons-le bien, nous sommes TOUS friands!

Alors évidement je n'ai pas échappé à la polémique du moment sur le drame sentimental qui se jouait tantôt au palais de l'Elysée.
Mais, mes excuses à ceux qui en étaient convaincus, Closer n'a rien inventé,  François Hollande non plus en ce qui concerne la polémique.

Et aujourd’hui pour ce premier article face à face, c'est de Bussy-Rabutin, ce cher comte dont je vais vous parler.
L'occasion aussi pour moi de faire découvrir une oeuvre ,qu'on ne trouve  probablement pas dans TOUS les greniers, mais qui devrait ravir les curieux comme moi ;)
Alors pour faire court et situer le bonhomme, le Comte Roger de Bussy-Rabutin est un libertin (au sens XVIIe bien sur!)
Plus sérieusement, il est le cousin de Madame de Sévigné, elle même petite-fille de Saint Jeanne de Chantal! (voyez-vous ça.... des saints dans la famille!) Ces noms là ça vous parle? non....
Donc ce cher comte habite en Bourgogne. Jusque là rien de bien palpitant; et, pour situer les dates, est né en 1618, mort en 1693.

Alors croyez-le ou non, le XVIIe dans le genre histoires louches c'était pas mal. On connait tout ça... le siècle baroque, les libertins opposés aux classiques un peu prudes...
Bussy-Rabutin, lui, vous l'aurez compris se situe plutôt du côté des masques et des histoires louches. Et comme la provoc' ne date pas d'hier, notre Roger choisi la semaine Sainte de Pâques 1659 pour se livrer à une grande orgie dans son château de Roissy. Evidemment, c'est un scandale qui ne manque pas de le faire exiler dans ses quartiers en Bourgogne. 
Et c'est LA que ça devient intéressant... parce qu'en exil voyez-vous, on s'ennuie... 
Et le comte lui, comme Closer d'ailleurs, a "la plume facile".
Pour tromper l'ennui, il décide donc d'entreprendre une oeuvre Ô combien passionnante pour des gens comme nous n'est ce pas, qu'il intitule Histoire Amoureuse des Gaules.

Il écrit à l'origine simplement pour distraire sa tendre amie. Seulement, rien n'a changé depuis, les gens aiment les ragots. On ne se l'avouera jamais vraiment, mais on aime jouer les concierges et à l'époque, internet ou pas, les rumeurs se propagent vite et le récit du comte est dévoilé au grand jour. 
Alors l'Histoire Amoureuse des Gaules c'est un livre satirique, et très largement polémique... normal quand on situe un peu l'auteur. C'est là dedans qu'il choisi de dévoiler au monde les petites cachotteries de la cour. Il y dévoile les histoires "sentimentales" du jeune roi Louis XIV, les libertinages de la cour qui ne manquent pas malgré tout. Il s'y met en scène lui aussi, en parlant de l'orgie de 1659 ou de sa cousine la Comtesse de Sévigné avec qui il se brouillera à cause de cette oeuvre. 
Pas fou, il écrit sous pseudonyme.... malchance, il sera démasqué... pas bien dur, surtout quand on se brouille avec tout le monde: La marquise de la Baume avec qui il est en froid, fait copier l'oeuvre et en distribue les copies jusqu'à ce qu'elle soit publiée en 1665 à l'insu de son véritable auteur. Evidemment, l'Histoire Amoureuse des Gaules parvient à la cour, et Bussy-Rabutin est emprisonné à la Bastille en 1666.

Pour résumer, Palais de l'Elysée ou Cour de France, croyez-moi les anecdotes croustillantes ce n'est pas ce qui manque!! 
D'ailleurs si vous voulez mon avis, toutes ces petites cachotteries étaient bien plus croustillantes car bien plus scandaleuses il y a quatre siècles! Et pas besoin de Closer pour en parler!!




Alors plutôt que de vous jeter sur votre magazine pour y voir la dernière photo compromettante (qui ne l'est en fait pas du tout, sauf pour ceux qui veulent à tout prix y voir un scandale), osez vous risquer à  jeter un œil Aux HistoireAmoureuses de votre Gaule... vous seriez surpris! ;)

vendredi 29 novembre 2013

"Tous les matins du monde sont sans retour"


Puisque les œuvres littéraires ne sont pas seulement des mots, c'est mon âme musicienne qui vous parle ici. 

J'ai découvert très récemment un livre, un film, et une musique... qui ont changé ma façon de voir la musique.
Je m'explique: Tous les matins du monde, c'est Pascal Quignard qui l'a écrit. 1991... ça fait une petite vingtaine d'années donc.... pas vraiment un "vétéran du grenier", mais je pense qu'il mérite qu'on en parle.

Pour faire simple, cette petite merveille de collaboration réuni tous les arts et, pour les musiciens, la lecture du livre est absolument indispensable.
 (progrès garantis... sans rire!).
Marin Marais, déprimé car sa mue à 15 ans l'a mis à la porte du cœur où il chantait. Il va tenter d'apprendre la viole auprès de Mr de Sainte Colombe, maître intransigeant auprès duquel le manque de sentiment et d’interprétation n'a pas sa place.

Alors bien sûr... y'a aussi de l'amour... du sexe (ben oui).
Le livre qui met tout le monde d'accord?

Une vraie leçon de musique ce livre... Et pour commencer en douceur, il est très court et c'est un vrai régal ;) à lire et à relire... C'est un scénario de film... donc très accessible à la lecture et le film est très fidèle au livre...

Pour les sensibles, les musiciens (ou simplement les amoureux de la musique), ceux qui n'aiment pas lire (comme moi) ou les curieux qui s’ennuient... enjoy!



un peu de musique (histoire de se mettre dans l'ambiance XVIIe...)